Le caractère 风 « feng » ou autant en apporte le vent… - La leçon de chinois

1617701314604 Le 9 Joël Bellassen

Phénomène de langue 

Le caractère fēng ou autant en apporte le vent... Après avoir constaté que le mot chinois désignant le vent ( fēng) et son équivalent français sont quasi homophones (y aurait-il mimologisme, ce phénomène de langue qui renvoie à la ressemblance entre la forme sonore du mot et sa signification ?), explorons le halo de sens qui l’entoure...

Outre son sens premier de « vent », comme dans le proverbe « Quand l’herbe bouge, c’est que le vent souffle » (风吹草动 fēng chuī căo dòng), on le retrouve de façon de plus en plus inattendue dans un des mots signifiant « paysage » (风光 fēngguāng, « vent/éclat du soleil », dans le mot désignant la géomancie, ces influences fastes ou néfastes résultant de la disposition du terrain (风水 fēngshuĭ « vent/eau »), et enfin dans des mots renvoyant aux coutumes et aux manières d’être :

风俗 : « coutumes » (fēngsú « vent/commun »)

风味 : « cuisines locales » (fēngwèi « vent/saveurs »)

风气 : « l’esprit du temps, les manières » (fēngqì « vent/ souffle »)

风土 : « coutumes du pays » – son patrimoine, ses coutumes, son climat – (fēngtŭ « vent/terre »)

风流事 : « aventure galante » (fēngliúshì « vent/couler/ chose »)

风云人物 : « personnalité en vue, ...dans le vent » (fēngyún rénwù « vent/nuages/personnages)

Alors que les dictionnaires, par commodité, découpent le caractère fēng en plusieurs sens, il conviendrait d’identifier plutôt la source de sens unique qui, telle un halo lumineux, ne se mettrait au net qu’en composition avec un autre caractère. Ici, le vent... est ce qui se diffuse, des coutumes aux manières d’être et leur éventuelle exemplarité...

Pour finir, remarquons qu’en chinois « vent » ( fēng) et « fou » ( fēng) sont homophones et quasi homographes ! Ne dit-on pas là où souffle le mistral ou le vent d'autant que le vent rend fou ? « Quand l'autan souffle, les fous d'Albi dansent » affirme un dicton tarnais...

La vie des caractères

 Dr. 

Cette photo donne à voir la proximité fondamentale dans la culture chinoise entre la peinture et l’écriture élevées au rang d’arts majeurs : même esprit, mêmes principes, mêmes outils. Les branches et les tiges évoquent le tracé des caractères. Comme le dit un principe de l’esthétique chinoise, « écriture et peinture ont la même origine ». Or, langue et écriture marquent notre cerveau de leurs empreintes... 

Joël BELLASSEN, ancien professeur des universités, est inspecteur général honoraire de chinois au ministère de l’Éducation nationale.

 

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